Travaux des Mois


— exploration archéologique dans les techniques de séchage du seigle



MATÉRIAUX/ bois (chêne et saule), cuir, épeautre
DIMENSIONS/ 5x5x9m
POUR/ Ephémère et durable,
ballade artistique au bord de l’Aire
LIEU/ Bord de l’Aire, commune de Bernex - Genève
DATE/ 29 mai - 26 septembre 2021
FILM/ Réalisation et montage, Isabelle Boudjkhi
CRÉDIT PHOTO/ ©collectifgalta












Dès l’époque médiévale, les Travaux des Mois ont été l’occasion d’une riche iconographie dans laquelle nous pourrions déceler la naissance du paysage. Les différentes séquences qui composent le calendrier agricole – diffusé historiquement dans les almanachs – sont ici l’occasion d’une proposition qui met en dialogue la tradition et le paysage. Notre proposition s’inspire de l’outillage agricole utilisé avant sa mécanisation. En construisant un dispositif à partir du bois issu des forêts environnantes, nous souhaitons réhabiliter des savoirs-faire locaux et traditionnels. L’élément principal est un séchoir à céréales. Ce type de structure n’est pas directement issus d’une tradition locale mais d’un regard porté sur les territoires voisins, notamment les territoires montagneux du Tessin.







Il aura nécessité pour sa réalisation un ensemble d’outil et de procédés élaborés sur le vif, à la manière du « bricoleur » décrit par Levi-Strauss dans La Pensée Sauvage: « L’ensemble des moyens du bricoleur n’est pas définissable par un projet; il se définit seulement par son instrumentalité […]». L’outillage compose par conséquent l’ensemble du corpus sculptural qui est incrémental et se compose au fur et à mesure de la saison, selon les besoins qui se présentent: une faux, des fléaux, eux aussi fabriqué à partir de matériaux locaux. La sculpture doit donc être considéré comme une constellation de divers outils, servant eux-même à en concevoir d’autres. Cette méthode s’apparente à une archéologie prospective où l’évolution de la forme est de la technique est trouvée en réaction au contexte et par la pratique, et non par la simple reproduction d’outils observés dans les archives ou issues de témoignages. C’est aussi la distinction que Pierre Soulages donne entre artisan et artiste: le premier exécute un projet pour un objectif définit à l’avance, alors que le second adapte son projet au cours son élaboration, réorientant constamment sa finalité.









Ainsi la frontière entre dispositifs agricole et proposition sculpturale est volontairement questionnée et permet de porter un nouveau regard sur les infrastructures qui jalonnent le territoire et constitue nos paysages ordinaires. En jouant sur son statut, entre installation artistique et un dispositif agricole, c’est le rapport entre action et contemplation – fondamentale pour la notion de paysage – qui est remis en cause, et permet de révéler la complexité et la complémentarité des rythmes humains et non-humains.

Toutes les étapes de la fabrication impliquent le corps de manière intense: la taille manuelle à la hache durant plusieurs jours, la fauche des céréales, le battage des gerbes. Chaque étapes constitue une mise en mouvement collective, impliquant un ensemble d’acteur et actrices qui peuvent se trouver là par générosité ou par hasard, par nécessité ou par plaisir. Ces travaux collectifs deviennent alors des évènements qui marque la saison, le temps et l’espace. Il laissent des traces de leur exécutions, comme le lieu de débitage du bois sur le lieu même ou l’arbre a été coupé ou les aires de battage dans les champs.




















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