théâtre de  l'usine
— rénovation d’un théâtre



MATÉRIAUX/ —            
DIMENSIONS/ 368m²
POUR/ Associationd du Théâtre de l'Usine         
LIEU/ L'Usine, Genève          
DATE/ 2019-2025          
CRÉDIT PHOTO/ ©Dylan Perrenoud






Dany Gignoux, Barrage du Seujet, Genève, vers 1987. Tirage gélatine argentique


L’Usine est un lieu emblématique de la culture alternative genevoise et romande. Depuis bientôt quarante ans, elle réunit des associations engagées artistiquement et politiquement. Le Théâtre de l’Usine compte parmi les plus importante, de toute évidence la plus engagée sur les questions d’inclusivité et d’accessibilité.


Rénové au fil des ans dans le cadre d’initiatives souterraines, le théâtre n’avait jamais été repensé dans ses structures fondamentales, à savoir ses espaces, ses accès et sa technique. L’objectif était donc de reconsidérer le volume dans son ensemble — il est vrai généreux, 13m de long, 5m de large et 5m de haut, mais pris dans la largeur du bâtiment, sans accès direct à l’extérieur —, et d’y faire coexister un foyer, un bar, une loge, des espaces sanitaires, des locaux de stockage et un important monobloc de ventilation mutualisé avec le cinéma situé au dessus.





L’entrée principale, située dans la cage d’escalier, laissait à peine pénétrer dans le foyer une lueur blême. Ce dernier, subordonné aux contraintes des locaux voisins, était pris entre une sortie de secours et d’énormes gaines de ventilation. A vrai dire le public ne pâtissait que peu de ces réalités, les vivant le temps de boire un coup avant ou après la représentation. C’est bien plus les compagnies et l’équipe qui avait besoin de voir le jour.












L’idée principale a donc été que le théâtre puisse retrouver de la lumière. Pour cela, il a fallut procéder à un renversement total du théâtre, c’est à dire créer une nouvelle ouverture en façade. Cette idée s’imposa rapidement comme inexorable : un appel du paysage, du fleuve, de cet immeuble en face aussi grand qu’une montagne, du barrage qui nous lie à la mer, en somme de ce contexte urbain si singulier. Par chance, une ancienne ouverture, aujourd’hui comblée, existait déjà à cet endroit, donnant accès au bâtiment des fours qui se trouvait le long du quai. Cette porte nous l’avons strictement réouverte dans son format historique. La volonté de créer une ouverture sur le quai répondait aussi à un besoin pour l’Usine en général mais surtout pour le Théâtre de se laisser regarder d’un nouvel œil, d’un œil curieux qui jusqu’alors n’avait pas osé ou pas eu l’occasion de pousser les portes de la forteresse, tout en ne nuisant pas à la qualité des grandes œuvres qui, toujours, se préparent à l’ombre des regards.







Esthétiquement, notre système de référence a été requestionné, car l’observation du contexte et des modes opératoires en place nous a prouvé que l’authenticité et la beauté des lieux qui composent l’Usine vient surtout des personnes qui les font vivre ou y passent du temps. Comment imposer un parti pris esthétique dans ce contexte ? Pour éviter de se positionner trop fortement, nous avons été à l’écoute des contraintes d’accessibilité que nous avons pris comme une vraie force. Changer notre perception de l’espace en se mettant à la place de l’autre, comprendre que nos yeux ne sont pas « les yeux », notre manière de se déplacer pas « la » manière de se déplacer. Tout cela nous a autorisé à imaginer un espace moins conventionnel, un espace plus ouvert ou un bar peut être à hauteur de table, ou les interrupteurs sont plus bas que d’habitude, ou la couleur du sol se doit de contraster avec celle des murs.


La tâche qui nous revenait nous a donc semblé être d’une part de créer un lieu accessible et d’autre part de valoriser son passé en travaillant avec les éléments et des matériaux issus de son histoire proche ou lointaine, sans porter de jugement trop prononcé sur la valeur esthétique de éléments en question. L’escalier, construit à la fin des années nonante, a été réemployé, tout comme les garde-corps, eux plus anciens et qui servait à une mezzanine technique. De cette même mezzanine ont étés récupérés les grilles en caillebotis servant aux étagères du bar. Ces étagères ainsi que celles des loges ont été réalisées avec des profils métallique issus du lieu également. Le bois, du châtaignier, n’est pas de réemploi mais provient d’un canton voisin.




















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